Mois : juillet 2025
Messier 71, un oublié du ciel d’été
Le ciel d’été est généralement synonyme de jolies nébuleuses, d’étoiles colorées ou d’amas pétillants, et il serait difficile d’établir la liste des joyaux estivaux disséminés entre le triangle d’été et le Sagittaire sans en oublier quelques-uns au passage.
Et pourtant, en voici un qui reste souvent sur le bord de la route, et qui regarde les astronomes passer sans lui accorder le moindre regard : Messier 71, un discret amas globulaire situé au milieu de la Flèche, constellation plantée dans la partie sud du triangle d’été.
Commençons par le commencement : Messier 71 (ou M 71, pour les intimes) est un amas globulaire. Un énorme paquet de milliers de vielles (très vieilles, même) étoiles. Un peu comme M 13 ou M 5, pour citer les plus connus. M 71 est juste moins gros que ces derniers. Beaucoup moins gros, même. Avec 43 000 masses solaires sur la balance, il pèse 15 fois moins lourd que l’amas d’Hercule, vingt fois moins que M 5. Et c’est vrai qu’à l’oculaire, la comparaison ne lui est pas forcément flatteuse…

Et pourtant, voici quelques bonnes raisons d’aller lui rendre visite. Tout d’abord, la localisation : M 71 bénéficie d’un bel emplacement dans le ciel, au cœur du triangle d’été, ce qui en fait une cible facile à pointer. Il suffit de viser Gamma de la Flèche, la pointe de la constellation, et nous sommes presque arrivés !

Ce rapide voyage dans la pointe sud du Triangle d’été, que l’on peut entreprendre depuis Altaïr, un peu plus bas, nous conduit en plein dans la Voie Lactée. Et c’est là tout l’intérêt de M 71 : il flotte au milieu d’un riche champ d’étoiles. Parfois au risque de s’y perdre ! Je me souviens de très belles observation en grand champ, derrière ma lunette de 80mm : l’amas était tout juste résolu, et se détachait bien du fond de ciel. Paradoxalement, l’observation au Dobson était un peu plus décevante : le grossissement avait tendance à écraser le contraste, et M 71 se perdait dans la masse.

Vous remarquerez par ailleurs que son cœur est peu condensé, que la distribution des étoiles semble assez homogène. M 71 a besoin d’air, d’espace, pour s’exprimer pleinement ! Il s’agit donc de trouver le bon dosage : un trop fort grossissement a tendance à l’étouffer, tandis qu’on risque de le perdre dans un champ trop large.
Mais avant de rendre visite à M 27 ou Albireo, il serait dommage de ne pas lui accorder ce coup d’œil !
Le mois de juin 2025 en un clin d’œil
Avec des nuits quasi-inexistantes, juin reste un mois compliqué pour les noctambules en quête d’étoiles. Malgré tout, quelques beaux moments passés derrière l’oculaire, pas mal de temps passé derrière les logiciels de traitement des images réalisées depuis le jardin de Reims, et au final, quelques regards lointains à travers le ciel d’été.
Faut-il revenir sur la chasse aux timides aurores du début du mois ? Vous êtes passés à côté de mon récit ? Je vous invite à le retrouver juste ici.
Et pour vous donner envie, je vous remets une petite image (parce que c’était un moment sympa) :

Une aurore timide, c’est toujours mieux que pas d’aurore du tout …
Pendant ce mois de juin, j’ai suivi le ballet tranquille de Mars et de Régulus, dans le ciel du couchant, ballet qui, au plus fort, devait amener les deux astres, de même luminosité, à se croiser d’un diamètre de Pleine Lune, le soir du 17 juin.
Un rendez-vous difficile à saisir en raison de conditions de ciel propres à déstabiliser un Seestar. Les fréquents passages nuageux à l’horizon vont perturber les acquisitions d’images ; au bout d’une heure à me battre avec mes machines, je parviens péniblement à capturer … 4 minutes (approximatives) de poses.

Mes chantier astrophotographiques du mois m’ont conduit dans la constellation du Cygne. Le premier chantier consistera à imager NGC 6888, la jolie Nébuleuse du Croissant, située au cœur de la constellation :

Toujours dans le Cygne, j’ai laissé tourner le Seestar toute une nuit sur les Dentelles :

Ces images s’accompagnent d’un court récit que vous pourrez lire ici.
Ce mois de juin astronomique se termine avec une jolie balade dans le ciel d’été, l’occasion de retrouver de vieilles connaissances galactiques et de faire quelques images. Vous pourrez retrouver le récit juste ici (ça fait beaucoup de choses à lire !)
Enfin, n’oubliez pas d’aller jeter un œil dans la galerie-photo ; à la manière d’un album Panini, elle s’enrichit doucement de nouvelles vignettes !
28 juin 2025 – promenade dans la Voie Lactée depuis Saint-Masmes
Ce pourrait être l’histoire de deux instruments qui n’avaient pas vu les étoiles depuis longtemps et qui se sont retrouvés sous le clair de Lune, un beau soir d’été. Télescope, de l’aveu de Christelle, sa propriétaire, n’avait pas vu la lumière du jour depuis plusieurs mois. Et Lunette, ma fidèle Megrez 80, n’était pas sortie de sa valise en toile depuis … des années. Que de temps à rattraper !

Ne parlant pas couramment le télescope, je ne sais pas ce qu’ils ont pu se dire, ces deux-là. Mais ce qui est certain, c’est qu’ils ont eu bien du temps pour discuter avant que la nuit ne tombe.
Oui, nous sommes le 28 juin, c’est le début de l’été, la période des nuits courtes et des crépuscules interminables. D’ailleurs, quand nous installons notre matériel, malgré l’heure avancée, les étoiles se comptent encore sur les doigts d’une main : Véga, Arcturus, Capella, peut-être…
Heureusement, pour nous faire patienter, il y a le croissant de Lune, et, pas très loin, à sa droite, Mars. A condition toutefois de bien chercher, car la planète rouge est loin de la Terre ; à cet instant, elle est à peine visible à l’œil nu. De l’autre côté de la Lune, dans la direction exactement opposée, Mercure est plus brillante. Mais sa position, au ras de l’horizon, dans les lumières du couchant, ne la rend pas plus facile à repérer que sa voisine cuivrée. Les deux planètes sont toutefois trop lointaines et trop petites pour que l’on distingue le moindre détail.
La Lune, Mars et Mercure perdues dans le dégradé bleu-orange du ciel, voilà pour la mise en bouche. Maintenant que les étoiles se font plus nombreuses, il est temps d’entamer notre programme. Au menu de celui-ci, de grands classiques du ciel d’été, avec du brillant, du spectaculaire, du qui pique et du qui craque !
M 5 est notre première cible de la soirée. Encore un peu engoncé dans la grisaille, ce joli globulaire est tout juste résolu et peine, à cet instant, à rivaliser avec M 13. Il faut dire que ce dernier est beaucoup plus haut et, de fait, beaucoup plus facile à détailler. Au Dobson, il est résolu de la périphérie jusqu’au coeur.
D’Hercule, nous redescendons vers le Triangle d’été, en révisant nos gammes : M 57 et M 27, les deux nébuleuses planétaires, se détachent sans problème du fond de ciel, tandis qu’Albiréo fait scintiller ses jolies couleurs devant le fond étoilé de la constellation du Cygne.
Nous piquons vers le sud, en direction de M 11. Nous suivons les cataractes d’étoiles qui glissent au milieu de nébuleuses obscures, jusqu’à M 24.
En chemin, nous avons pu croiser M 17, la Lagune et la Trifide :

Derrière le Dobson, nous jouons du filtre UHC et du bon grossissement pour trouver la combinaison qui donnera le meilleur contraste et fera ressortir un maximum de détails. Dans le même temps, afin de donner un peu de matière visuelle à ce récit, je lance quelques images au Seestar. Il y a un côté quasi-magique à voir les images apparaître en seulement quelques dizaines de secondes. Magique et hypnotique, ce qui nous ferait presque oublier que nous avons aussi des instruments et des yeux …
Au-dessus de notre tête, les étoiles sont de plus en plus nombreuses ; aux jumelles, la Voir Lactée moutonne sous le regard de plus en plus assoupi de Christelle.

Après un dernier coup d’oeil sur NGC 7789, et quelques dernières images, il est donc temps de remballer tranquillement Lunette et Telescope, et de laisser la faune nocturne profiter du ciel étoilé (aurai-je bien vu un sanglier tourner prudemment autour de moi au moment de prendre mes dernières photos ?).











