Le ciel d’été est généralement synonyme de jolies nébuleuses, d’étoiles colorées ou d’amas pétillants, et il serait difficile d’établir la liste des joyaux estivaux disséminés entre le triangle d’été et le Sagittaire sans en oublier quelques-uns au passage.
Et pourtant, en voici un qui reste souvent sur le bord de la route, et qui regarde les astronomes passer sans lui accorder le moindre regard : Messier 71, un discret amas globulaire situé au milieu de la Flèche, constellation plantée dans la partie sud du triangle d’été.
Commençons par le commencement : Messier 71 (ou M 71, pour les intimes) est un amas globulaire. Un énorme paquet de milliers de vielles (très vieilles, même) étoiles. Un peu comme M 13 ou M 5, pour citer les plus connus. M 71 est juste moins gros que ces derniers. Beaucoup moins gros, même. Avec 43 000 masses solaires sur la balance, il pèse 15 fois moins lourd que l’amas d’Hercule, vingt fois moins que M 5. Et c’est vrai qu’à l’oculaire, la comparaison ne lui est pas forcément flatteuse…

Et pourtant, voici quelques bonnes raisons d’aller lui rendre visite. Tout d’abord, la localisation : M 71 bénéficie d’un bel emplacement dans le ciel, au cœur du triangle d’été, ce qui en fait une cible facile à pointer. Il suffit de viser Gamma de la Flèche, la pointe de la constellation, et nous sommes presque arrivés !

Ce rapide voyage dans la pointe sud du Triangle d’été, que l’on peut entreprendre depuis Altaïr, un peu plus bas, nous conduit en plein dans la Voie Lactée. Et c’est là tout l’intérêt de M 71 : il flotte au milieu d’un riche champ d’étoiles. Parfois au risque de s’y perdre ! Je me souviens de très belles observation en grand champ, derrière ma lunette de 80mm : l’amas était tout juste résolu, et se détachait bien du fond de ciel. Paradoxalement, l’observation au Dobson était un peu plus décevante : le grossissement avait tendance à écraser le contraste, et M 71 se perdait dans la masse.

Vous remarquerez par ailleurs que son cœur est peu condensé, que la distribution des étoiles semble assez homogène. M 71 a besoin d’air, d’espace, pour s’exprimer pleinement ! Il s’agit donc de trouver le bon dosage : un trop fort grossissement a tendance à l’étouffer, tandis qu’on risque de le perdre dans un champ trop large.
Mais avant de rendre visite à M 27 ou Albireo, il serait dommage de ne pas lui accorder ce coup d’œil !