Hier soir, j’étais occupé à faire le ménage dans mes archives sonores : j’avais ressorti un vieux dictaphone à cassettes (oui oui, à cassettes … Ces antiquités en plastique que l’on rembobinait avec un stylo-bic), et entre deux bandes de musique électronique, je suis retombé sur l’enregistrement de deux soirées astro … vieilles de 20 ans. A cette époque, j’avais l’habitude de prendre des notes sonores pour rédiger mes CROAs ; une bonne habitude, il faudrait que j’y revienne !
Ça commence avec … du vent … qui sature le micro, et puis quelques mots, pour situer le cadre :
« Nous sommes tout près de Revens, sous un ciel magnifique, avec une magnifique Voie Lactée au-dessus de ma tête. Le Scorpion est ici visible en entier, et je me promène, un peu au pif. »
Oui, nous étions en vacances, en Lozère, pas très loin de Revens. Nos premières vacances avec notre fille, alors âgée de quelques mois. Des vacances au milieu de nulle part, au calme. Entre couffin et poussette, j’avais quand même réussi à caser ma Megrez 80, quelques oculaires, quelques filtres et un atlas céleste. Et me voilà parti, ce 11 août 2005, à me perdre entre le Scorpion et le Sagittaire.
« Je découvre M 6 et M 7… M 7 est d’ailleurs visible à l’oeil nu sans problème, et M 6 n’est pas très loin. En remontant, la Lagune est visible à l’oeil nu … Il ne fait pourtant pas complètement noir, la Lune n’est pas couchée … Véga est au-dessus de ma tête, je poursuis ma balade dans le Sagittaire… »
S’en suivent un coup d’oeil sur M 22, résolu en décalé malgré le faible grossissement, M 16, M 17 puis M 24, avant de remonter sur M 11. Un vrai festival estival !
Le ciel est également illuminé par le passage de quelques étoiles filantes, et d’un orage lointain, situé plus à l’ouest. Mais au-dessus de ma tête, le ciel est parfaitement dégagé. Avant de remonter vers le Triangle d’été, je repars sur le Scorpion, à la recherche de ses globulaires :
« Je suis tombé sur M 4, mais je n’ai pas réussi à tomber sur M 80, qui ne doit pourtant pas être très très loin… En fouinant un peu, je suis tombé sur deux globulaires de la queue du Scorpion, M 19 et M 62, et je suis assez content, car je pense que je ne les ai jamais observés. »
Pas exactement dans la queue, mais, de fait, jamais très haut dans notre ciel du nord. Les quelques degrés gagnés en allant vers le sud permettent de les sortir des brumes de l’horizon. Et mon voyage étoilé est loin d’être terminé !
« Je remonte vers Ophiuchus et continue avec les globulaires : M 9, et juste à côté, NGC 6356 ; ils sont très petits, mais ça passe sans problème. Je débusque ensuite M 107, que je ne suis pas près de revoir, car il est très très peu dense, et pas du tout évident. Il se détache à peine du fond de ciel, qui est portant très très noir. »
« Changement radical de secteur, je suis maintenant sur la Galaxie d’Andromède… Je suis très heureux de voir les trois galaxies [M 31, M 32 et M 110] dans la lunette et … Oooh, encore une très belle étoile filante ! »
« Je suis reparti vers le Triangle d’été, dans un fabuleux fourmillement d’étoiles, et suis tombé, un peu par hasard, sur les deux boucles brillantes des Dentelles du Cygne. Le plus surprenant était de les saisir sans filtre. Et avec le filtre UHC, quelques tachouilles viennent se glisser entre les boucles. »
Les tachouilles, c’est le discret Triangle de Pickering, que je pensais alors inaccessible à une lunette de 80mm. Mais les conditions, ce soir-là, étaient vraiment bonnes.
Ensuite, j’ai pris une couverture et je me suis installé dans l’herbe pour compter les étoiles filantes, avec Mars et les Pléiades à l’horizon, la Voie lactée au-dessus de ma tête, des éclairs lointains et des bolides colorées… Une soirée inoubliable !