Aujourd’hui, nous n’allons pas lever la tête très haut : nous allons traverser le Capricorne, le Verseau, puis remonter vers le bas de la constellation de Pégase, et finirons dans le Dauphin.
Cette première promenade automnale nous emmène dans un coin de ciel qui n’est pas forcément le plus spectaculaire. A sa décharge, il arrive après le feu d’artifice estival qui nous voit nous perdre entre les nébuleuses colorées et les amas d’étoiles dispersés entre le Triangle d’été et le Sagittaire.
Notre périple commence près du Capricorne. Ses étoiles principales (douze étoiles sont de mag. inférieure à 4,5) dessinent une curieuse créature que les esprits les plus imaginatifs décrivent comme une chèvre à queue de poisson. Je dois pour ma part manquer considérablement d’imagination, ne voyant pour ma part .. qu’un bol. Mais ces douze étoiles seront suffisantes pour nous aider à repérer nos premiers objets célestes.
Messier 75 : notre premier objet n’appartient pas au Capricorne, mais au Sagittaire. Toutefois, compte-tenu de sa distance aux étoiles les plus brillante du Sagittaire, il sera plus facile de tenter de le repérer en partant de Beta Capricorne. M 75 compte environ 400 000 étoiles, et rentre dans la catégorie des « grobulaires ». Toutefois, sa grande distance – on est à près de 70 000 années-lumière – et sa position dans le ciel rendent son repérage délicat. Nous cherchons une petite boule floue accrochée aux brumes de l’horizon sud. Pas simple !

Invisible au chercheur, M 75 apparaît au T250, à 100x, comme une petite boule floue, non résolue, avec un noyau assez marqué, dans un champ assez pauvre en étoiles. A 190x, l’amas commence à être résolu en vision décalée.
Messier 30 : moins massif que M 75- 240 000 masses solaires – mais beaucoup plus proche – 26 000 années-lumière – M 30 est une cible plutôt facile.

Repérable assez simplement en partant de Dzeta Cap, il est déjà visible au chercheur. Au T250, à 100X, il est résolu sur sa partie extérieure en vision directe. Si on monte à 190x, il apparaît très étendu et finement résolu sur toute la surface. Le noyau est brillant, et deux trainées d’étoiles se détachent nettement. C’est un très bel objet !
Il est temps de s’éloigner un peu du Capricorne, et d’entamer un tour dans les étoiles du Verseau. La constellation est étendue, mais ses étoiles sont peu brillantes. Sadalmelik et Sadalsuud, les deux étoiles les plus brillantes de la constellation, visibles au-dessus du Capricorne, affichent une magnitude tout juste inférieure à 3… La silhouette du porteur d’eau tient donc là encore du symbolique.
Le premier objet rencontré dans le Verseau est la Nébuleuse Helix. Une nébuleuse planétaire qui sait, suivant les occasions, être spectaculaire … ou fantomatique. Basse sur l’horizon à nos latitudes, dans un coin de ciel qui compte peu d’étoiles brillantes, son repérage sans GoTo est souvent très aléatoire : Fomalhaut est à 10° plus au sud, Delta Capricorne 10° plus à l’ouest. Il faut donc cheminer en partant d’étoiles peu brillantes. Il arrive qu’on se perde en chemin…

« Difficile » est le mot qui revient le plus souvent dans mes notes quand il s’agit de décrire l’aspect visuel d’Helix. Il m’est arrivé, une fois, de la repérer au chercheur, mais c’était sous un ciel exceptionnel. En général, au T250, Helix apparaît comme une tache grise particulièrement étendue, qui, selon son humeur, révèle plus ou moins de détails. Mais il faut tenter sa chance !
Messier 72 : remontons en traversant le Capricorne d’est en ouest, et prenons la direction du Verseau, pour poursuivre la thématique « globulaire ».

Plus éloigné que M30, et surtout beaucoup moins massif, M 72 est évidemment moins spectaculaire. Mais sa hauteur offre un peu de richesse au champ dans lequel il se niche. Au T250, il n’est pas résolu à 100x, mais résolu en vision décalée à 190x. On peut le classer dans les objets « plutôt jolis ».
Faisons une impasse sur l’anecdotique Messier 73, et arrêtons nous sur NGC 7009, la « Saturn Nebula ». Située à trois petits degrés de M 72, elle est très facile à trouver en partant de cette dernière.
Très petite, elle est aussi très brillante, et s’illustre par un très fort effet « blink » : en vision directe, elle disparaît presque complètement ! Au T250, à 100x, les extensions à qui la nébuleuse doit son surnom sont tout juste visibles en décalé.
En partant de Beta Aqr, un petit cheminement d’étoiles, cinq degrés vers le nord nous conduit vers Messier 2, notre quatrième globulaire de la soirée. Dans les abords immédiats de l’amas, pas d’étoile remarquable.

M 2 apparaît comme une petite tache au chercheur. A 100x, c’est une grosse boule, dont les bords sont parfaitement résolus en direct. En vision décalée, l’amas est totalement résolu et forme un ensemble que je qualifierais de … duveteux. Le champ est riche en étoiles, mais aucune ne domine véritablement. On ne s’ennuie pas en tournant autour ! A 190x, M 2 reste très brillant, le piqué ressort davantage et l’amas semble plus étendu, le cœur est mieux résolu.
Changeons d’échelle : Messier 15, notre prochaine destination, est un énorme amas globulaire, qui pèse plus d’un million de masses solaires !
Sa grande taille facilite son repérage. Le cheminement vers M 15 est relativement simple : il suffit généralement de partir de la brillante Enif, à l’extrémité de Pégase, et de filer vers l’ouest. L’amas est déjà parfaitement visible au chercheur.

Au T250, à 100x, l’amas est entièrement résolu en vision directe, et sensiblement plus étendu que M 2. Quelques étoiles brillantes viennent enrichir le champ. A 180x, le noyau apparaît plus marqué, plus compact. C’est très certainement le joyaux de ce parcours !
Depuis M 15, nous allons remonter vers la constellation du Dauphin. La constellation est petite, et compte peu d’étoiles brillantes – Sualocin, la plus brillante, est de mag. 3.85 ; on compte par ailleurs quatre étoiles de magnitude inférieure à 4.5. Le Dauphin reste facile à retrouver en cherchant entre Enif et Altaïr.
Parmi les objets célestes remarquables dans la constellation, impossible de passer à côté de Gamma Del, magnifique étoile-double brillante, facilement séparée, même à faible grossissement. Les deux étoiles, respectivement de mag. 4.3 & 5, sont actuellement séparées de 9″, et se rapprochent doucement … car Gamma Del est une vraie double : les deux astres tournent l’un autour de l’autre en un peu plus de 3 000 ans.
Nous finissons ce tour du ciel avec un dernier amas globulaire : NGC 7006. Situé à 3° à l’est de Gamma Del, son repérage n’est pas très facile. Il faut dire que cet amas est loin … très loin … à environ 130 000 a.l. !

Baignant dans un champ riche en étoiles, l’amas apparaît au T250 comme une petite tache floue assez uniforme, qui se confond avec les étoiles brillantes qui l’entourent.
Sauf précision contraire, toutes les images ont été réalisées au Seestar S50, et sont présentées à la même échelle