Perspectives galactiques dans le ciel d’automne

Si les galaxies occupent en nombre le ciel de printemps, le ciel d’automne n’est pas en reste, et compte certainement les plus spectaculaires représentantes de cette famille d’objets célestes.

Je profite de quelques prises de vue galactiques réalisées ces dernières semaines pour faire remonter quelques souvenirs de trois d’entre-elles.

J’ai rencontré NGC 891 pour la première fois en 2002, lors d’une mémorable mission à l’observatoire de Saint Véran. Cette galaxie lointaine – jusqu’alors passée complètement à côté de mon radar – faisait partie de la liste des objets que l’équipe de Voyager 3 Astronomie avait prévu de photographier, dans le cadre d’un improbable programme d’imagerie du ciel profond à la webcam. On se gelait dans la salle d’opération de l’observatoire, nous étions insouciants, mal rasés, mais heureux de nos expérimentations approximatives. Sur nos images, NGC 891 était tellement grande qu’elle débordait largement des limites du capteur de notre Vesta Pro modifiée. On bricolait des mosaïques avec des logiciels archaïques, on se battait avec les pixels chauds… Aujourd’hui, le capteur du Seestar la saisit sans le moindre effort, et à l’écran, elle me semble bien petite !

NGC 891 au Seestar S50, depuis Reims, en septembre 2025. 84 min. de pose.

J’ai pu observer NGC 891 à plusieurs reprises par la suite, mais toujours avec quelques difficultés : repérage parfois délicat, manque de contraste … J’ai toutefois le souvenir de quelques observations au C8, laissant apparaître la bande de poussière. Il faudrait que j’y retourne, à l’occasion.

C’est avec ce même C8 que j’ai observé Messier 33 de manière détaillé. Je ne me souviens pas avoir observé la structure spiralée de la galaxie – je ne suis d’ailleurs pas persuadé que ce soit possible – mais j’ai le souvenir très précis de la vision de NGC 604, brillante nébuleuse située dans l’un des bras de la galaxie.

Messier 33 au Seestar S50, depuis Reims, en septembre 2025. 79 min. de pose.

Je reviens assez souvent sur Messier 33, que je sais repérer sans peine aux jumelles. Même sous un ciel moyen, la large tache ovale se détache facilement du fond de ciel. Mais là encore, un examen plus attentif avec un gros diamètre m’offrirait peut-être quelques détails supplémentaires… ou pas ?

Il est évidemment impossible de passer à côté de la Galaxie d’Andromède, que j’ai croisé un nombre incalculable de fois dans mes soirées d’observation, aussi bien à l’œil nu, aux jumelles, à la lunette ou dans de gros télescopes. J’ai notamment le souvenir d’une observation mémorable dans une paire de Fujinon de 70mm – un mariage absolument idéal de champ large et de piqué ; je revois encore le large fuseau brillant de la galaxie entouré d’étoiles brillant comme des pierres précieuses. Magique !

Il m’a en revanche fallu plus de temps pour enfin voir des détails dans la galaxie. Lors d’une soirée à l’observatoire de Beine-Nauroy, en collant un oculaire de 40mm à champ relativement large, j’ai pu voir pour la première fois la bande de poussière qui barre la partie la plus brillante de la galaxie.

Mosaïque de Messier 31, 32 & 110, réalisée au Seestar S50, en septembre 2025

J’ai régulièrement renouvelé cette observation au Dobson, en privilégiant un champ aussi large que possible pour réussir à attraper M 32 et M 110, ses deux galaxies satellites.

Mais c’est vision aux jumelles qui me procure les plus beaux souvenirs. J’ai notamment en tête une perspective renversante dans laquelle j’imagine le plan de la galaxie d’Andromède s’allonger démesurément, allant presque croiser celui de la Voie Lactée… Une superposition de plans qui donne une dimension proprement vertigineuse à cette vision, et qui ne manque pas de me faire décoller à mon tour !

Le mois de septembre en un clin d’œil

La rentrée des classes ne signifie pas qu’il est temps de remiser les instruments au placard, bien au contraire ! Porté par une actualité astronomique plutôt riche, et parfois insolite, ce mois de septembre a été bien occupé !

Je commence en trichant un peu, l’image suivante remontant à la fin du mois d’août :

Cette balafre dans le ciel, observée le 25 août, est la trace bien visible du dégazage d’une fusée chinoise. Un événement plutôt inattendu, qui a distrait les préparatifs de ma soirée d’observation à Aussonce. Une soirée consacrée à l’exploration du Capricorne et du Verseau, un coin de ciel dans lequel les étoiles savent se faire discrètes, et où l’on retrouve beaucoup d’amas globulaires.

Deux petites semaines après cette première plongée dans le ciel d’automne, j’avais rendez-vous avec la Lune, le dimanche 7 septembre, le temps d’une éclipse totale de Lune. Installé à Saint Masmes, je devais animer un live-chat sur le Facebook du Planétarium. Avec mes quatre mains, me voilà donc chargé tout à la fois d’assurer de la prise de vue et de l’animation de chat, tout ça avec une Pleine Lune qui allait jouer à cache-cache avec l’ombre de la Terre, son atmosphère et ses nuages…

De la phase totale, je n’ai vu qu’une petite minute de teintes rouge-orangées, avant que les nuages ne viennent semer la pagaille. Impossible de tenter la moindre photo avant le retour de la phase partielle.

Le rythme un peu frénétique du live-chat ne m’a malheureusement pas permis de réaliser d’images à la lunette. Les seules images, réalisées au Seestar, illustrent très bien la limite de cet instrument sur la Lune, ou le planétaire de manière générale : le piqué est faible, ça manque de détails… Restent les souvenirs de l’instant !

Et pourtant, c’est avec ce même Seestar que je vais mettre en images, quelques poignées de jours plus tard, la très jolie occultation de Vénus par la Lune !

Une occultation que nous qualifierons de joueuse, car se déroulant en pleine journée, au milieu d’un ciel blanc-bleu. Tant que la Lune reste haute dans le ciel, il est encore possible de la repérer, mais dès le moment où elle va décliner, l’affaire est délicate !

J’ai pu suivre le phénomène à l’œil nu et aux jumelles : la vision du brillant diamant vénusien s’approchant de l’arc lunaire était un vrai plaisir !