Si les galaxies occupent en nombre le ciel de printemps, le ciel d’automne n’est pas en reste, et compte certainement les plus spectaculaires représentantes de cette famille d’objets célestes.
Je profite de quelques prises de vue galactiques réalisées ces dernières semaines pour faire remonter quelques souvenirs de trois d’entre-elles.
J’ai rencontré NGC 891 pour la première fois en 2002, lors d’une mémorable mission à l’observatoire de Saint Véran. Cette galaxie lointaine – jusqu’alors passée complètement à côté de mon radar – faisait partie de la liste des objets que l’équipe de Voyager 3 Astronomie avait prévu de photographier, dans le cadre d’un improbable programme d’imagerie du ciel profond à la webcam. On se gelait dans la salle d’opération de l’observatoire, nous étions insouciants, mal rasés, mais heureux de nos expérimentations approximatives. Sur nos images, NGC 891 était tellement grande qu’elle débordait largement des limites du capteur de notre Vesta Pro modifiée. On bricolait des mosaïques avec des logiciels archaïques, on se battait avec les pixels chauds… Aujourd’hui, le capteur du Seestar la saisit sans le moindre effort, et à l’écran, elle me semble bien petite !

J’ai pu observer NGC 891 à plusieurs reprises par la suite, mais toujours avec quelques difficultés : repérage parfois délicat, manque de contraste … J’ai toutefois le souvenir de quelques observations au C8, laissant apparaître la bande de poussière. Il faudrait que j’y retourne, à l’occasion.
C’est avec ce même C8 que j’ai observé Messier 33 de manière détaillé. Je ne me souviens pas avoir observé la structure spiralée de la galaxie – je ne suis d’ailleurs pas persuadé que ce soit possible – mais j’ai le souvenir très précis de la vision de NGC 604, brillante nébuleuse située dans l’un des bras de la galaxie.

Je reviens assez souvent sur Messier 33, que je sais repérer sans peine aux jumelles. Même sous un ciel moyen, la large tache ovale se détache facilement du fond de ciel. Mais là encore, un examen plus attentif avec un gros diamètre m’offrirait peut-être quelques détails supplémentaires… ou pas ?
Il est évidemment impossible de passer à côté de la Galaxie d’Andromède, que j’ai croisé un nombre incalculable de fois dans mes soirées d’observation, aussi bien à l’œil nu, aux jumelles, à la lunette ou dans de gros télescopes. J’ai notamment le souvenir d’une observation mémorable dans une paire de Fujinon de 70mm – un mariage absolument idéal de champ large et de piqué ; je revois encore le large fuseau brillant de la galaxie entouré d’étoiles brillant comme des pierres précieuses. Magique !
Il m’a en revanche fallu plus de temps pour enfin voir des détails dans la galaxie. Lors d’une soirée à l’observatoire de Beine-Nauroy, en collant un oculaire de 40mm à champ relativement large, j’ai pu voir pour la première fois la bande de poussière qui barre la partie la plus brillante de la galaxie.

J’ai régulièrement renouvelé cette observation au Dobson, en privilégiant un champ aussi large que possible pour réussir à attraper M 32 et M 110, ses deux galaxies satellites.
Mais c’est vision aux jumelles qui me procure les plus beaux souvenirs. J’ai notamment en tête une perspective renversante dans laquelle j’imagine le plan de la galaxie d’Andromède s’allonger démesurément, allant presque croiser celui de la Voie Lactée… Une superposition de plans qui donne une dimension proprement vertigineuse à cette vision, et qui ne manque pas de me faire décoller à mon tour !

