Ce pourrait être l’histoire de deux instruments qui n’avaient pas vu les étoiles depuis longtemps et qui se sont retrouvés sous le clair de Lune, un beau soir d’été. Télescope, de l’aveu de Christelle, sa propriétaire, n’avait pas vu la lumière du jour depuis plusieurs mois. Et Lunette, ma fidèle Megrez 80, n’était pas sortie de sa valise en toile depuis … des années. Que de temps à rattraper !

Ne parlant pas couramment le télescope, je ne sais pas ce qu’ils ont pu se dire, ces deux-là. Mais ce qui est certain, c’est qu’ils ont eu bien du temps pour discuter avant que la nuit ne tombe.
Oui, nous sommes le 28 juin, c’est le début de l’été, la période des nuits courtes et des crépuscules interminables. D’ailleurs, quand nous installons notre matériel, malgré l’heure avancée, les étoiles se comptent encore sur les doigts d’une main : Véga, Arcturus, Capella, peut-être…
Heureusement, pour nous faire patienter, il y a le croissant de Lune, et, pas très loin, à sa droite, Mars. A condition toutefois de bien chercher, car la planète rouge est loin de la Terre ; à cet instant, elle est à peine visible à l’œil nu. De l’autre côté de la Lune, dans la direction exactement opposée, Mercure est plus brillante. Mais sa position, au ras de l’horizon, dans les lumières du couchant, ne la rend pas plus facile à repérer que sa voisine cuivrée. Les deux planètes sont toutefois trop lointaines et trop petites pour que l’on distingue le moindre détail.
La Lune, Mars et Mercure perdues dans le dégradé bleu-orange du ciel, voilà pour la mise en bouche. Maintenant que les étoiles se font plus nombreuses, il est temps d’entamer notre programme. Au menu de celui-ci, de grands classiques du ciel d’été, avec du brillant, du spectaculaire, du qui pique et du qui craque !
M 5 est notre première cible de la soirée. Encore un peu engoncé dans la grisaille, ce joli globulaire est tout juste résolu et peine, à cet instant, à rivaliser avec M 13. Il faut dire que ce dernier est beaucoup plus haut et, de fait, beaucoup plus facile à détailler. Au Dobson, il est résolu de la périphérie jusqu’au coeur.
D’Hercule, nous redescendons vers le Triangle d’été, en révisant nos gammes : M 57 et M 27, les deux nébuleuses planétaires, se détachent sans problème du fond de ciel, tandis qu’Albiréo fait scintiller ses jolies couleurs devant le fond étoilé de la constellation du Cygne.
Nous piquons vers le sud, en direction de M 11. Nous suivons les cataractes d’étoiles qui glissent au milieu de nébuleuses obscures, jusqu’à M 24.
En chemin, nous avons pu croiser M 17, la Lagune et la Trifide :

Derrière le Dobson, nous jouons du filtre UHC et du bon grossissement pour trouver la combinaison qui donnera le meilleur contraste et fera ressortir un maximum de détails. Dans le même temps, afin de donner un peu de matière visuelle à ce récit, je lance quelques images au Seestar. Il y a un côté quasi-magique à voir les images apparaître en seulement quelques dizaines de secondes. Magique et hypnotique, ce qui nous ferait presque oublier que nous avons aussi des instruments et des yeux …
Au-dessus de notre tête, les étoiles sont de plus en plus nombreuses ; aux jumelles, la Voir Lactée moutonne sous le regard de plus en plus assoupi de Christelle.

Après un dernier coup d’oeil sur NGC 7789, et quelques dernières images, il est donc temps de remballer tranquillement Lunette et Telescope, et de laisser la faune nocturne profiter du ciel étoilé (aurai-je bien vu un sanglier tourner prudemment autour de moi au moment de prendre mes dernières photos ?).























